Objectif destitution : Macron démission, pouvoir populaire !

édito de PEPS 25 avril 2023 https://confpeps.org/

Le discours de Macron est révélateur du cap franchi par le régime : celui d’un pétainisme soft et libéral. Ce n’est plus « Travail- Famille Patrie » , c’est « Travail -Ordre -Progrès » ;.

Soit la triple injonction de bosser toujours plus. Toujours plus contrôléEs, surveilléE.s et répriméEs. Avec en guise de progrès, toujours plus de croissance infinie, de compétitivité, de concurrence entre toutes et tous et de dictature des banquiers et des actionnaires qui détruisent ce qui reste de la Nature et du Vivant.

Photo PEPS

Le soir même, le mouvement des casseroles, à l’initiative d’ATTAC, a répondu, partout en France par un joyeux Charivari, que si la réforme des retraites était promulguée, le mouvement social lui continuait de plus belle et que, s’il avait perdu une bataille, il n’avait pas perdu la guerre.

Et maintenant, il a un objectif politique : la démission de Macron ou plus précisément sa destitution, sa délégitimation.

Selon la Constitution et son article 68, le président de la République peut être« destitué en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ».

Dans l’état actuel des choses, si cet objectif ne peut être légalement-atteint, il convient d’examiner comment le mouvement social peut s’emparer de l’objectif de faire partir le monarque. Les casseroles ont signifié depuis 1830, sous Louis Philippe, la volonté populaire de congédier ceux qui s’opposent à la souveraineté populaire. L’insurrection destituante argentine des 19 et 20 décembre 2001, suscitée par la politique néolibérale de Carlos Menem, la « révolution des casseroles » , quand l’Islande voit ses grandes banques faire faillite fin 2008 et que les Islandais vont se retrouver chaque samedi casseroles en main devant leur Parlement en sont l’illustration.

Chaque fois, portés par une multiplicité d’acteurs sociaux allant de la classe moyenne aux chômeurs, ces mouvements ont trouvé leur véritable point de ralliement dans ce slogan fédérateur : « Que se vayan todos! » (« Qu’ils s’en aillent tous ! ») L’objectif de tous ces « soulèvements des casseroles« , que l’on retrouve du Québec à l’Hirak algérien c’est le départ des puissants.

Ce qui signifie :

– D’abord délégitimer ce pouvoir et ses représentants à tous les niveaux.

« Délégitimer », c’est retirer à quelqu’un sa charge et sa fonction, et in fine le révoquer. Mais, c’est surtout délégitimer moralement le pouvoir et ses attributs. Macron doit être délégitimé parce que l’ensemble de son action publique consiste à saper les bases du contrat social en cassant systématiquement les conquêtes sociales qui garantissaient à la population un ensemble de droits lui permettant de vivre dignement. Il doit être délégitimé parce qu’il pratique une fausse écologie du saccage et du ravage, des méga bassines aux pesticides, du nucléaire aux autoroutes.

– Ensuite l’empêcher physiquement d’imposer sa parole et son autorité. Et utiliser ce processus pour reprendre en main le contrôle de nos vies, avec tous les espaces possibles, de la production à la consommation.

Destituer le système macroniste c’est aussi organiser l’autodéfense politique du mouvement social. Unifier tout ce qui peut l’être contre la stratégie du choc de Darmanin. Lutter contre la répression dans tous les domaines doit être le point de ralliement de milliers de militantEs, quelles que soient leurs appartenances associatives, syndicales ou politiques. Il est urgent de s’opposer, là où nous vivons, aux expulsions des locataires et des squatters, à la chasse aux sans papiers, aux violences policières dans les quartiers populaires, dans les facs et les lycées contre les étudiantEs et les lycéenNEs, ou contre celles exercées contre les manifestants Gilets Jaunes ou syndicalistes, ainsi qu’au recul des droits des personnes âgées et handicapées qui seront pourtant, avec les plus précaires, les premières victimes du dérèglement climatique.

Enfin, « destituer », à défaut de la possibilité d’une action d’ordre juridique ou parlementaire, c’est lancer une destitution radicale de toute forme institutionnalisée. Ce qui signifie :« détruire le vieux monde ! » . D’abord dans nos têtes.. . .

Macron et Darmanin veulent nous diviser en bons et mauvais manifestants, en éco terroristes et gentils bisounours pacifistes. Nous refusons cette alternative mortifère. Dans la manif contre l’autoroute Castres- Toulouse, les manifestants scandaient : « Nous sommes tous des éco terroristes ! »

Notre politique, notre feuille de route, c’est ne pas attendre 2027 et la prochaine présidentielle. Le pouvoir populaire commence ici et maintenant dans chaque lutte, dans chaque blocage, dans chaque espace de parole libérée. L’écologie politique ce n’est pas d’abord la conquête des places aux sénatoriales, puis aux européennes, puis aux municipales et aux législatives. C’est avant tout une écologie de la délégitimation du système actuel, une écologie de destitution qui reconstruit des espaces de contre-pouvoir à tous les niveaux de la société, tout en s’attachant à construire le Front Populaire écologique et social.

Sans destitution des pouvoirs, il n’y a pas rupture anticapitaliste mais une lente intégration, à la mode des Grünen allemands, à l’appareil d’Etat.

L’écologie de combat ce n’est pas l’écologie du renoncement, des petits pas, l’écologie aseptisée. Notre écologie, c’est celle des Soulèvements de la Terre qui construit un réseau de résistances autonomes. C’est l’écologie du désarmement, élément essentiel de toute stratégie conséquente pour freiner, enrayer, stopper les projets qui bétonnent les sols, accaparent les terres ou empoisonnent les rivières.

Destituer c’est reprendre en main localement, commune par commune, quartier par quartier, tout ce qu’il est possible d’organiser comme espaces démocratiques. De même que nous sommes tout à fait capables de nous organiser horizontalement pour faire des blocages, c’est localement que la révolte s’organise, c’est localement que les solutions seront trouvées.

Destituer c’est construire un nouveau monde, où l’humain ne s’oppose plus au vivant.

Destituer le pouvoir c’est déposer et détrôner le roi Macron.

Le 1er mai nous serons dans la rue avec des millions de sans culottes, de sans droits, de sans dents pour exiger sa révocation.