Soutien aux paysans victimes d’un modèle agro-industriel à bout de souffle !

Communiqué de PEPS conf., 23/01/2024

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L’histoire de l’agriculture européenne, tissée de progrès et de transformations, atteint un tournant critique. Le modèle agricole actuel, a évolué du “solaire au minier (charbon et pétrole) (1) . Le charbon favorisant une croissance horizontale par colonisation de nouveaux espaces, le pétrole favorisant quant à lui une croissance verticale par augmentation vertigineuse de la productivité (machines) et des rendements (engrais, herbicides, fongicides, pesticides,…). L’agro-industrie était née, celle-là même qui engendre les conséquences dévastatrices actuelles pour les écosystèmes ruraux et aquatiques.

La fin progressive de la détaxe sur le gasoil non routier et la colère qu’engendre cette mesure partout en Europe, est symptomatique d’un système excessivement dépendant du pétrole qui se mort la queue.

En France, le remembrement a également favorisé le machinisme et la productivité, au détriment des écosystèmes entretenus par les paysans. Les SAFER, les chambres d’agriculture départementales, la MSA, ont également contribué, – sous l’influence directe et/ou indirecte de la FNSEA -, à favoriser cette course effrénée vers un modèle agricole productiviste favorisant les “gros”.

Un système qui asphyxie donc une majorité de paysans pris entre les exigences des banques, de l’agro-chimie et du système de distribution aux mains de géants du secteur. Triste réalité qui pousse un nombre croissant d’entr’eux, essentiellement des éleveurs, jusqu’au suicide.

Ce modèle, dépourvu d’alternatives, a engendré une filière agro-alimentaire destructrice pour les sols, émettant davantage de CO2, favorisant l’utilisation de poisons et d’OGM. Il est en partie responsable des changements et dérèglements climatiques. , Il devient impératif de le repenser.

La crise est d’abord et avant tout liée à la rémunération du travail des agriculteurs/rices, résultat des politiques françaises et européennes libérales, encerclées par une législation au service de l’agro-industrie et co-gérée avec le syndicat agricole majoritaire.

Ne nous laissons pas tromper par l’idée que le protectionnisme et l’idée d’une souveraineté alimentaire nationale, thèses chères à l’extrême droite, seraient les solutions : sans remise en cause des accords de libre échange où l’agriculture et les produits alimentaires sont traités comme des marchandises comme les autres, le système alimentaire restera productiviste.

Il y a donc urgence à proposer des mesures transitoires et conservatoires, tout en travaillant à l’exploration d’alternatives concrètes et révolutionnaires :

  • Prix seuil des productions agro-écologiques : Établir des prix planchers pour les productions agro-écologiques, garantissant une rémunération équitable.
  • Blocage des prix de l’énergie : Stabiliser les coûts énergétiques pour soulager les agriculteurs des fluctuations du marché.
  • Moratoire sur les traités de libre-échange mondialisés : Mettre en place un moratoire sur l’ensemble des accords de libre-échange pour protéger les agriculteurs locaux.
  • Libérer les semences : Permettre aux agriculteurs d’utiliser et de reproduire leurs propres semences, encourageant la biodiversité.
  • Fin des OGM : Mettre fin à l’utilisation des organismes génétiquement modifiés dans l’agriculture
  • Soutien à la migration vers une agriculture agro-écologique et vivrière : Mettre en place des politiques de soutien pour les agriculteurs souhaitant migrer vers des pratiques agro-écologiques.
  • Soutien à l’installation de nouveaux paysans : Encourager l’installation de millions de nouveaux paysans pour assurer réellement la possibilité d’une agriculture agro-écologique et vivrière nécessitant beaucoup plus de main-d-œuvre.
  • Revoir en profondeur les circuits d’approvisionnement et de distribution : en exclure la concentration, la spéculation et l’exploitation des salariées pour aller vers une moralisation et une municipalisation de l’économie.
  • Et bien d’autres à imaginer et co-construire ensemble…

Soutenir les paysan/nes aujourd’hui c’est soutenir une démocratie alimentaire (2) respectueuse des êtres vivants, du travail paysan, – essentiel à nos vies quotidiennes -, et refuser un système alimentaire mondialisé au service du capitalisme mortifère.

1. « Du solaire au minier, une histoire de l’agriculture industrielle », par Benoit Daviron :

2. Séminaire d’auto-formation, « La démocratie alimentaire à l’épreuve du communalisme » :

https://confpeps.org/democratie-alimenterre/