L’édito de PEPS : Vive la Commune !

L’ÉDITO DE PEPS : VIVE LA COMMUNE !

Le 18 mars 1871, il y a tout juste 150 ans, le Peuple de Paris se soulevait et mettait en place un pouvoir populaire, inconnu jusqu’à ce jour. Pour la première fois, les ouvriers, souvent des petits artisans, s’emparaient de la municipalité et organisaient la gestion politique, sociale et économique de la ville de Paris, en même temps que sa défense militaire face aux allemands et à la République bourgeoise de monsieur Thiers. Ce soulèvement ne dura que 71 jours. 30 000 communards furent massacrés, des milliers furent emprisonnés, des centaines s’exilèrent pendant de longues années. Mais si la Commune fut une défaite pour le mouvement ouvrier, elle fût un moment fondateur de l’histoire pour les classes populaires.

Des Soviets de 1905, jusqu’au Ronds – Points des Gilets Jaunes, de la Guerre d’Espagne en Aragon ou en Catalogne, aux Conseils ouvriers en Hongrie en 1956, des Comités d’Action de Mai 68 au Rojava et au Chiapas, la Commune de Paris inspire le mouvement populaire qui y puise son espérance. La raison en est simple : La Commune c’est le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple. La Commune de Paris s’inscrit dans un siècle de révolutions (1793, 1848, 1871) dans lesquelles le prolétariat montant a joué un rôle majeur. Pendant ses deux mois d’existence, la Commune a accompli une œuvre remarquable.

Sur le plan de la démocratie politique, La Commune est une révolution communaliste. Le communalisme c’est l’autogouvernement du peuple avec des délégués élus et révocables au niveau de la ville. La Commune se fédère avec les autres Communes. Il y eut des Communes à Lyon, Marseille, Narbonne, St Etienne, Toulouse, Nantes, Le Creusot, Alger…Dans toutes ces villes, une seule idée force l’emportait : celle d’une République sociale fédérée, universelle autogérée par ses habitants. La Commune a inventé une forme de gouvernement fondé sur l’autonomie communale, où les citoyen.nes élisent au suffrage universel des « mandataires » responsables et révocables à tout moment. Le pouvoir législatif s’impose au pouvoir exécutif, dont les membres sont également révocables. Elle impose l’élection et la révocabilité de tous les responsables dans l’administration, la justice, l’enseignement et la Garde nationale, ainsi que la limitation du traitement des employés de la Commune à celui d’un ouvrier ; elle esquisse une Constitution communale à l’échelle du pays, avec la construction d’un gouvernement de bas en haut ; elle organise la suppression de l’armée permanente et de la police de l’ancien appareil D’État.

La Commune c’est l’émancipation des femmes. Si la figure de Louise Michel exprime cette demande d’égalité femmes hommes et de libération sur le plan politique, des dizaines de femmes joueront un rôle important dans la Commune de Paris. La Commune de Paris demande l’égalité des salaires avec comme principe « à travail égal, salaire égal » et l’applique chez les institutrices. Elle reconnaît l’union libre, interdit la prostitution, met en place l’accès à l’éducation et facilite le divorce. Un premier mouvement autonome des femmes, l’Union des femmes, naît et va soutenir ces revendications.

La Commune c’est la lutte contre le racisme et la xénophobie en actes. Comme durant la Première République qui honora des étrangers comme Georges Washington, la Commune de Paris donna des responsabilités éminentes à des militants étrangers comme Élisabeth Dmitrieff, jeune militante russe ou les polonais Dombrowski ou Wroblowski qui eurent un rôle dirigeant dans la défense militaire de Paris. Léo Frankel devient le délégué à la Commission du Travail et de l’échange. Les Zouaves, issus du Maghreb participent à la défense de paris et une légion fédérale belge est constituée. La Commission des élections valide comme principe la citoyenneté des étrangers en considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle.

La Commune c’est l’autogestion : le 16 avril, un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires (assimilés à des déserteurs) ; il prévoit de les remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire. Dans toutes les entreprises, un conseil de direction est élu tous les 15 jours par l’atelier et un ouvrier est chargé de transmettre les réclamations.

La Commune c’est la démocratie sociale : la réquisition des logements vacants et la baisse des loyers sont annoncées tout comme la création des futures Bourses du travail, le travail de nuit dans les boulangeries est interdit. La Commune interdit les amendes patronales et retenues sur salaires, dans les administrations publiques comme dans les entreprises privées. Pour lutter contre le sous-salariat dans les appels d’offres concernant les marchés publics, un cahier des charges avec indication du salaire minimum est créé.

Fêter l’anniversaire de la Commune aujourd’hui, ce n’est pas une simple commémoration des morts, c’est montrer son actualité et en tirer des enseignements pour nos luttes actuelles. 150 ans après, le contexte n’est plus le même, le capitalisme a poursuivi son développement et la société a changé. La bourgeoisie a conforté sa domination idéologique, le sentiment de classe s’est affaibli. Ajoutons que l’idée de croissance porté par un Etat providence, bien qu’en déclin, a laissé des traces dans les partis de gauche, qui veulent conserver l’État actuel avec quelques modifications mineures tout en soutenant au prix du greenwashing une nouvelle croissance « verte ».

 À PEPS, nous célébrons la Commune de Paris parce qu’elle est vivante dans les luttes d’aujourd’hui. Les Gilets Jaunes reprennent les ronds-points le 18 mars. Les gens de la Culture occupent les théâtres, les femmes viennent de fêter le 8 mars par dizaines de milliers. Les étudiants descendent dans la rue contre la précarité, les sans – papiers et les victimes de violences policières, les chômeurs manifesteront le 20 mars. La Commune n’est pas morte. Elle vit ici et maintenant. Faire Commune c’est se fédérer en construisant autour d’un projet d’écologie de rupture, les conditions d’une alternative au capitalisme destructeur.

PEPS s’associe à toutes les manifestations qui mettront en valeur l’esprit de la Commune. Dans toutes les villes, remplaçons les noms des assassins versaillais comme Thiers par des rues, places, avenues et boulevards Louise Michel, Eugène Varlin ou Benoit Malon.

Déboulonnons les statues et exigeons la transformation du Sacré Chœur, ce monument érigé à la gloire des Versaillais en musée de la Commune de Paris. Exigeons enfin que les manuels scolaires, qui font apparaître la Commune comme une Révolution inutile, laide et fausse, politiquement et moralement, car elle divise les Français sous les yeux de l’ennemi héréditaire, soient réécrits. Contrairement aux révisionnistes de l’histoire, la Commune est notre bien commun, pas le dictateur Napoléon !

Vive la Commune !
PEPS, le 16 mars 2021 –


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