La suppression définitive le 1er avril 2015 des quotas laitiers est cohérente avec la politique agricole néolibérale conduite en Europe. Les dogmes de l’autorégulation par les marchés et de la concurrence mondialisée vont, une fois de plus, produire des effets désastreux :
- Intensification de flux d’échanges destructeurs pour l’environnement (importation des intrants, notamment pour l’alimentation du bétail en Europe, exportations massives de produits agricoles paralysant toute politique de souveraineté alimentaire au bénéfice des populations et des paysanneries des pays en développement)
- mise des éleveurs sous la pression des fluctuations des cours du lait et sous la coupe de l’industrie laitière.
En effet, les groupes laitiers des grands pays producteurs, entres autre l’Allemagne ou le Danemark, ont essentiellement pour objectif d’exporter massivement dans les pays en développement où la demande de produits laitiers se développe . C’est également le cas des groupes laitiers dominants en France.
La destruction des régulations du marché, donc de la politique des quotas, vise à donner encore plus de pouvoir aux groupes agroalimentaires et accélérer la disparition des exploitations agricoles petites et moyennes. Elle conduit aussi au développement d’usines à lait (la ferme des 1000 vaches, et maintenant 2000!) . Elle conduit également à une importation renforcée de céréales et de soja. Ceci pour une production à bas coût, au détriment de la qualité, dans des conditions d’élevage sans aucun respect du bien être animal.
La crise d’autres filières d’élevage devrait pourtant alerter sur les impasses écologiques, sociales d’un tel modèle.
La résistance à ce modèle destructeur repose sur des nouvelles formes de solidarités entre producteurs et consommateurs permettant le développement de circuits courts, rémunérant correctement les paysans, et favorisant une production de qualité . Les collectivités territoriales doivent appuyer ces démarches solidaires, qui vont du développement des AMAP à la création de magasins ou marchés paysans, et le maintien d’une politique d’installation à l’échelle des bassins.
Plus globalement, aux côtés du syndicalisme paysan progressiste (*) doit se développer une mobilisation de toute la société pour réclamer le retour à la politique de maîtrise de la production, condition indispensable pour obtenir des prix réguliers et rémunérateurs, et favoriser la qualité des produits.