Alternatives et Autogestion (A&A) prend en compte, pour la construction d’identités individuelles et collectives, l’héritage de l’histoire, le genre, les traits culturels et linguistiques, la place des individus dans les rapports de production.
Aucune identité ne peut être considérée comme unidimensionnelle. Le fil conducteur de notre action est la lutte pour les émancipations collectives et individuelles, donc contre l’exploitation capitaliste, les aliénations, discriminations et oppressions.
Nous refusons les concepts identitaires basés sur “le sol et le sang”.
Les communautés humaines sont pour nous communautés de destin, donc ouvertes. Partisans du droit du sol dans l’hexagone nous le sommes aussi en régions, et condamnons sans appel les slogans comme “les arabes dehors” ou “les français dehors” défendus par telle ou telle frange nationaliste !
Nous constatons l’existence, dans notre pays, de communautés linguistiques et culturelles fruit de l’histoire donc d’une construction identitaire commune. Cette reconnaissance ne se perçoit pas comme globalement antagonique à la « communauté de destin » qu’a été la nation française, pas plus qu’aux identités de genre ou de classe.
La combinaison des identités “Etatique” et “régionale” est en France un trait très marquant, à la différence de la situation dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest et a fortiori- d’Europe de l’Est. Dans les régions de l’Hexagone de langues et cultures spécifiques, cette combinaison région/nation traverse, non sans conflits, de larges secteurs de la population. S’il est, pour nous, légitime, sous réserve du refus des logiques d’exclusion, de se vouloir “seulement français” ou “seulement breton ou alsacien”, voire “seulement européen ou citoyen du monde”, la complexité prédomine et cette complexité est féconde.
Dans la continuité du courant autogestionnaire, Alternatives et Autogestion (A&A) :
* Reconnait le droit de communautés historiques culturelles et linguistiques (Corse, Bretonne, Basque, Alsacienne, Occitane, Catalane, Flamande, etc et bien entendu des peuples des DOM TOM…) -pour peu qu’une volonté s’exprime majoritairement – à la construction d’un cadre politique séparé, sur la base de processus menés démocratiquement et ne violant pas des droits d’individus et groupes ne s’y reconnaissant pas.
* Est, en même temps, favorable à la construction de cadres politiques toujours plus larges, fixant les règles d’un vivre en commun et développant droits sociaux et citoyens.
Les contenus doivent primer sur les frontières: Alternatives et Autogestion (A&A) est favorable à une nouvelle répartition des pouvoirs entre régions, nation, Europe, et à l’élargissement à tous ces niveaux des acquis sociaux, culturels, démocratiques, en vue d’une transition écologique, plutôt qu’à la construction de micro-états (sauf lorsque, comme dans les Balkans, les conflits atteignent un niveau de violence faisant de la séparation étatique, au moins de manière transitoire, un moindre mal et la condition de la construction d’un “vivre ensemble” à long terme).
Les réponses à la revendication linguistique et culturelle en régions peuvent se construire autour des objectifs suivants :
Une « réparation historique » mais pas une révision historique
Depuis plusieurs siècles, l’Etat français, sous ses diverses formes, a mené une action de longue haleine pour la généralisation de la langue nationale et au détriment des parlers et langues dominés. Notons cependant que cette politique, dont la dimension répressive est incontestable, doit être analysée dans son contexte. L’abandon des langues populaires fut, dans beaucoup de cas consenti en même temps qu’il était regretté.
Le pluralisme linguistique est une richesse, et Alternatives et Autogestion (A&A) ne confond pas valeurs communes et unicité linguistique.
La formule “un peuple = une langue” n’est pas la nôtre.
Ce principe rompt incontestablement avec la logique républicaine classique… mais est mis en oeuvre, notamment depuis la Circulaire Savary de 1982, qui permet l’apprentissage précoce des langues des régions dans le cadre des horaires scolaires. Cette reconnaissance a des implications très concrètes, à la fois pour l’organisation du système scolaire mais aussi par exemple pour la programmation – aussi insuffisante soit-elle- de stations de France 3, ou la toponymie.
Dans plusieurs régions l’Éducation Nationale freine le développement de l’enseignement en langues régionales pour des raisons de fond (un peuple = une langue) ou en l’absence d’une politique active de formation des enseignants. Les syndicats d’enseignants et les associations de parents défendent des positions diverses selon les régions, voire au sein d’une même région.
ALTERNATIVES & AUTOGESTION DEFEND
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le droit imprescriptible à un enseignement en langue des régions, en fixant, le seuil d’ouverture d’une classe (puis d’une filière) à 15 élèves, ce qui permet de ne pas trop pénaliser le milieu rural;
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le développement de l’enseignement intensif (immersion ou enseignement bilingue paritaire soit 12h en français/12h en langue de la région) sur la base du volontariat des familles, et d’une offre volontariste, dans le cadre de l’Ecole Publique comme dans des cadres associatifs dont nous défendons la contractualisation.
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Cette combinaison sera celle d’un droit reconnu et appliqué sans chausse-trappes par l’Administration scolaire et du libre choix des parents.
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Une sensibilisation à l’histoire, la langue et culture des régions pour les élèves dont les parents n’auraient pas choisi l’enseignement intensif.
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des programmes télévisés plus ambitieux sur France 3 (décrochages régionaux permettant la diffusion d’émissions aux heures de grande écoute),
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la mise en place de programmes radio généralistes en langues des régions sur les stations de service public (par exemple de 7h à 20h en modulation de fréquence).
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le développement d’une toponymie bilingue,
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la mise en place dans les principales villes concernées de maisons des cultures régionales, lieux d’information et de création,
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l’aide à la production théâtrale et musicale en langues des régions, ainsi qu’un effort particulier de création artistique à destination du jeune public.
Une approche ouverte du pluralisme linguistique et une politique volontariste en faveur des langues dominées sont pleinement compatibles. A la façon de la biodiversité dont on sait qu’elle maintient la richesse des sols, la diversité des cultures est un facteur de richesse et de développement humain dés lors qu’elle est conçue comme telle.