Les médias étaient apparemment heureux de nous annoncer l’échec relatif du candidat d’extrême-droite Wilders aux législatives des Pays-Bas mais ils ont oublié une autre grande nouvelle, qui les rend sans doute moins joyeux, c’est la victoire de Groenlinks, une gauche verte, qui engrange 14 sièges (contre 4 précédemment), une gauche qui double en nombre de voix les socio-démocrates, et se retrouve en tête des partis de gauche sur le plan national, et devant tous les autres partis à Amsterdam.
Groenlinks, parti fondé en 1992 a réuni des communistes, des pacifistes, des chrétiens évangéliques et des membres de la gauche radicale. Il est dirigé depuis 2015 par Jesse Klaver, un trentenaire, qui était déjà député à l’âge de 24 ans. En deux ans il a attiré 7000 membres de plus, dont la moitié du même âge que lui. De père marocain et de mère d’origine indonésienne, Jesse renoue avec les utopies radicales des années 70. Ouvertement pro-européen et écologiste, son parti a fait campagne pour l’accueil de l’immigration et la fin du pillage des énergies fossiles. Sur le plan social, il met en avant un programme de gauche classique : arrêter le recul des prestations sociales et de l’âge de la retraite, limiter les plus hauts salaires et en finir avec les parachutes dorés, interdire l’évasion fiscale, partager les réfugiés à travers l’Europe, alléger les impôts des bas et moyens salaires, taxer les revenus les plus élevés, mettre fin au trucage officiel de la fiscalité des entreprises internationales. La gauche social-démocrate membre des gouvernements de coalition avec la droite a failli sur ce plan, elle a accru les inégalités.
Le succès de ces idées de gauche, que nos journalistes chiens de garde ne peuvent qualifier de populistes a été acquis par les réseaux sociaux, des meetings et de grandes manifestations dans la rue. S’y ajoute un idéal de partage des richesses basé sur la solidarité qui trouve un écho parmi les jeunes particulièrement dans les villes universitaires. Et, sur le plan écologique, les Hollandais, qui vivent au niveau de la mer, voire en dessous, ne peuvent qu’être favorables à une campagne contre les gaz à effet de serre.
Espérons que la mobilisation populaire saura empêcher ces nouveaux élus de lâcher leurs idéaux et de participer à une grande coalition, fût-elle contre Wilders.
Sources : The Guardian et taz du 17 mars 2017 et… aucun grand média français.
B & V Fišera